Guy Massat : La psychanalyse n’est pas un humanisme

Nous vous est-il pas déjà arrivé d’avoir l’intuition d’une idée, un ressentit à propos d’une idée, d’un concept, d’une notion mais sans vraiment pouvoir l’expliquer, le justifier de manière satisfaisante ? La question serait qu’est-ce qui se pointe là devant moi, surgissant mais insaisissable? Dans ce cas, pourquoi ça sur-git et pourquoi ça ne se saisit pas ?

Puis un jour vous assistez à une conférence où une personne démontre votre intuition, et tout d’un coup c’est l’évidence, l‘insight Freudien.

Personnellement, car je ne puis que parler de là, sauf dans certains moments hystériques, depuis plusieurs années j’éprouve une certaine répulsion, un sentiment de fausseté, l’impression d’entendre un ment-songe, lorsque j’entends ce mot d’humanisme : “A d’autres !” Aurais-je envie de dire.

Quoiqu’il en soit, si l’existentialisme est un humanisme, la psychanalyse ne l’est pas. Et ça tombe très bien la psychanalyse n’est pas un existentialisme.

Dans une conférence du 31 janvier 2008, le psychanalyste Guy Massat, nous affirmait que la psychanalyse n’était pas un humanisme, bien au contraire:

La topologie et le temps (3) : La psychanalyse n’est pas un humanisme

La psychanalyse n’est pas un humanisme, contrairement à ce qu’on enseigne à la Sorbonne. Seule elle peut dire : Rien de ce qui est inhumain de m’est étranger. Car « inhumain » ça résonne comme « inconscient », comme ignorant. La psychanalyse ne s’intéresse qu’à l’inconscient, qu’à l’ignorance, qu’au « ça ». Ignoramus, ignorabimus : Nous ne savons pas, nous ne saurons jamais. Nous ne saurons jamais ce qu’est « le ça ». Qu’est-ce que c’est ça ? Une feuille ? Non, une feuille c’est un mot. De la pâte à papier ? Ce sont encore des mots. C’est ce qui sert à écrire etc… Non, de ça et des autres choses nous ne connaissons, nous connaîtrons jamais que des mots. L’univers est un mot. Le passé, le présent et l’avenir sont des mots. Et cependant, vous, vous savez comme moi, que ce que je vous montre là est une feuille de papier. Savoir est donc un plaisir mais ignorer, affirmons-le, est la jouissance, la jouissance dionysiaque.

Vous connaissez la formule de Lacan : « le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant » (le signifiant ne signifie rien), c’est-à-dire le rien que je suis représente un sujet pour le rien que vous êtes, et réciproquement. Il y a donc que de l’achose, du désêtre et des mots. Où est donc le « ça » ? demande l’homme. Et Lacan répond :

« A chose inaperçue, le nom de « partout » convient aussi bien que celui de« nulle part » (« Télévision » p 15)

« Le logos dont je parle échappe à la saisie intelligible des hommes », disait déjà Héraclite (frag. 1). « La seule qualité du ça c’est d’être inconscient », dit Freud (« Abrégé »). Qui est le ça ? « Le ça est impersonnel » Que fait le ça ? Il jouit : « Là où ça parle, ça jouit et ça sait rien ». Ça sait quoi ? Ça sait rien, précise bien Lacan (« Encore » p 95). Jouir est le savoir du rien.

Dans le conscient, la vérité qui se tient pour vérité n’est donc pas l’affaire de la psychanalyse. C’est l’interprétation, la construction, qui l’intéresse, le style. L’analyse n’a pas l’illusion de croire qu’elle trouvera la vérité vraie sur ce monde ou un autre. Au contraire, ce qu’elle voit c’est que toute construction mentale n’est qu’une interprétation inconsciente qui ne peut se réduire à une seule signification ou à un seul sens. Il n’y a pas de point fixe dans le langage. Le langage du ça est un chaos polysémique. Cependant lorsque une interprétation inconsciente est cause de souffrance, c’est seulement la méthode psychanalytique qui peut la défaire, la dénouer, en faveur d’une autre formation, d’un autre nouage, d’un autre discours tout aussi interprétatif, jouant de la même façon arbitraire avec les réseaux des polysémies des chaînes signifiantes, mais réconciliant cette fois le sujet avec son désir et sa sérénité profonde. Ce que la parole du système inconscient a pu construire d’interdictions, d’inhibitions tragiques, de tortures chez une personne, la méthode psychanalytique peut le dénouer, le refaire, le reconstruire de façon satisfaisante, viable, créatrice et jouissive. Voilà tout…

Pour lire la suite de la conférence :

Vous pouvez par ailleurs lire les autres retranscriptions des conférences que donne Guy Massat sur ce site (rubrique : Textes)

Les conférences qu’il donne dans le cadre du cercle psychanalytique de paris se déroule le dernier jeudi de chaque mois. L’entrée et libre et gratuite. Seule obligation : s’inscrire pour dire que l’on vient et à combien.

Début du séminaire : 20h 30
Adresse : 150 rue du Temple 75003 Paris
Métro : Temple ou Arts et Métiers
Parking public: 132 rue du temple
Code rue : 1 9 6 7 *
1ére porte à gauche sous le porche
Interphone : Cercle psychanalytique
Deuxième étage droite
Téléphone : 06 72 76 80 12

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