Le web 2.0, du egroup sans parents ?

gronder

Dans un récent article Christophe Lefevre, faisait remarquer que Twitter, le service de mcro-blogging le plus connu, ne servait à rien en soi et donc pouvait servir à tout : échange d’infos, discutions, promotion de son blog etc. Si ce qu’on nomme web 2.0 ne se limite pas à microbloging, ce dernier en agrège plusieurs fonctions et peut servir de support à des services comme les digg-like, invitant ses contacts à voter pour ses articles. Mais ce qui fait la particularité de ces services de web social par rapport à des dispositifs de egroup plus anciens, c’est l’absence à priori de modérateurs et d’actes de modérations. De plus, je n’ai pas encore vu de personnes attaquer un groupe et qui fini par se le mettre à dos comme ça arrive parfois. Ceci n’ a rien à voir avec l’age puisque même des personnes plus avancé en nombre d’années peuvent agresser le groupe. Si dans les forums il y a des modérateurs alors que dans twitter non, est-ce parce que les services de micro-blogings n’en ont pas besoin ? Serait-ce là le vrai innovation du web 2.0 qui se veut être de web social alors que le net l’était depuis le début (les newsgroup existent depuis longtemps) ?

En effet dans des services comme twitter il est possible de choisir ses contacts et de les retirer comme bon nous semble. Chacun construit ainsi un espace de groupe dans sa home page. De plus, beaucoup de micro blogueur, sont des blogueurs et ne cherchent pas à se faire des ennemis. Il y a parfois la promo de son blog à assurer, une sorte de carrière dans la toile à développer.

Bien évidement le micro-bloging ne se limite pas à ça sinon cela deviendrait vite insupportable. Les échanges, les questions peuvent devenir assez riches et plaisants. C’est aussi une autre manière d’échanger avec les auteurs de blogs qu’on apprécient et qu’on découvre. Ceci créant un contexte où l’on s’automodère plus facilement.

Dans le développement de l’individu, progressivement et non sans mal, on intègre une loi celle des parents, celle du social. Le moment cristallisant ce conflit étant celle de l’adolescence. Pourrait-on dire que le web 2.0 serait le passage de l’adolescence à l’âge adulte, d’où le changement de nom ?

Il serait tentant de le penser (enfin un web parvenu à maturité, formidable !), mais il y a aussi un autre élément qui entre en jeu et que l’on ne peut pas sous-estimer. Cet élément, c’est la home page, un chez soi, sa demeure. Dans Twitter et autres, il y a un espace commun avec ses contacts, qui s’appellent souvent « home ». Dans les forum, l’espace commun, n’appartient pas à l’internaute.

Selon Freud, l’on cherche à maintenir un état d’équilibre en son sein : l’Homéostasie. (Homéo= semblable, Stase= position) Si je me permettais de faire de l’esprit, je dirais une stase du « home ».

Cet état d’équilibre où un compromis entre des pulsions contraires est trouvé, montre la tendance du Moi qui est la demeure du sujet à viser une certaine quiétude. Car nous le savons depuis « le moi et le ça » (Freud, 1923), le Moi est un diplomate, il cherche à satisfaire toutes les exigences, ce qui l’oblige à s’adapter et trouver des compromis. Le Moi se caractérise par son habilité à instaurer un cesser le feu. Il a dans cette fonction une valeur défensive et adaptative. Car c’est de son intégrité dont il s’agit. Nous n’avons aucun intérêt à polluer nos Moi/home du web, c’est à dire notre propre espace. Dès lors nul besoin de parents puisque nous sommes en notre espace notre parent. Ou plus exactement leurs lois y est intériorisés. On s’y identifie. Les micro-blog sont des espaces personnels même si l’on communique avec d’autres. D’ailleurs, le Moi met toujours quelque chose de lui dans autrui. Et y retrouve un peu d’autrui en son Moi. Ce fonctionnement en miroir n’est pas sans rappeler une des composantes même du fonctionnement psychique où il y a de l’autre dans le Moi. Finalement, l’apport du web 2.0 ne viendrait-il pas du fait que les développeurs ont mis en place un fonctionnement proche du notre ?

Ce qui est passionant dans le web ce que nous cessons de réinventer des nouvelles manières de communiquer et de dupliquer notre image. Le web est à notre image et nous le lui rendons bien.

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