Danger de la blogosphère : museler plutôt qu’instruire ?

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L’union européenne semble s’inquiéter du succès que rencontrent les blogs. Ainsi un projet de loi consisterait à noter les blogs afin de proposer une sorte de label qualité. On peut alors craindre que cette loi pourrait dériver vers une limite de la parole du blogueur. Surtout lorsqu’un député européen déclare:


“blogs sont aujourd’hui un puissant instrument de communication et peuvent être considérés comme une forme avancée de lobbying. Et constituer, en tant que tels, une menace.”

Ce qui fait peur serait une diffusion d’informations et d’opinions de manière massive et non contrôlée. Si faire l’opinion est un critère centrale dans une élection, on pourrait à notre tour craindre des dérives possibles d’une telle loi. Plutôt que de crier trop tôt à la théorie du complot, je me suis demandé quelle pouvait être la raison valable pour instaurer une telle loi. Autrement dit, en quoi une telle loi pourrait servir l’intérêt générale. Il est intéressant de noter soit dit en passant, que depuis Rousseau, nous sommes passé de « la volonté générale » (cf Le contrat social), à « l’intérêt générale ». Peuvent-elles coïncider ?

L’intérêt générale souvent se formule en terme de protection et de sécurité (du moins à notre époque). Le grand mot est la protection du citoyen. Dans ce cas quel danger porterait le succès de la blogosphère pour le citoyen ?

Ce qui inquiète les instigateurs de cette loi, c’est le fait que beaucoup d’informations sont diffusées sans nécessairement être vérifiées. De plus comment faire valoir un droit de réponse dans un tel amas d’informations ? sans oublier les mauvaises intentions qui pourraient se cacher derrière un buzz. Il est certain que les propos négationnistes et diffamatoires ont posé problème, par exemple dans wikipédia. Les dérives de ce types sont certes préoccupantes. Mais le muselage général est-il la seule réponse possible ?

A trop craindre la manipulation des masses, c’est le risque de trop infantiliser l’internaute qui se dessine insidieusement. En effet, on n’obtient rien de bon à maintenir le citoyen dans l’ignorance. Si internet peut véhiculer des informations erronées et mal intentionnés, il n’est pas non plus difficile de vérifier et de jauger la valeur d’une information. En effet, ce que pourrait craindre l’union européenne serait des phénomènes de masses déclenchés par une rumeur, une fausse information. La méthode du muselage a pour ce défaut de susciter la curiosité et bien pire la suspicion : « si on me cache quelque chose, ce n’est pas pour rien. On nous cache la vérité ». Dès lors, l’effet inverse se produira.

Une autre façon de faire serait d’instruire, d’apprendre à l’internaute d’avoir un esprit critique, de ne pas prendre tout pour argent content et surtout de savoir vérifier une information, de décrypter certains indices et surtout leur apprendre à chercher une information de manière pertinente. Or ceci doit pouvoir s’apprendre dés que possible. Et là l’école à son rôle à jouer. Pouvoir appréhender le monde de manière intelligible, n’est-ce pas le but de l’éducation ?

Des personnes comme Richard Peirano travaillent déjà dans ce sens et sont capable de proposer une telle formation. Victor Hugo disait “Ouvrez une école, vous fermerez une prison“. Écoutons, son sage conseil. La balle est dans le camp de l’état. Ne créons pas une dément-cratie.

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