Les 30 ans du Spam et ses origines porcines

Je ne déroberais pas à la tradition du jour : le spam à 30 ans et comme beaucoup de blogs j’en profite pour fêter cette grinçante naissance. Pourtant son étymologie a de quoi faire rire…

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“Spam” était au départ le nom d’une marque d’une préparation porcine en boite de conserve. Déposée en 1937 par une société d’Austin (Minnesota) : Hormel Foods. Il serait soit la contraction de Spiced Ham (porc épicé), soit l’acronyme de Spiced Pork And Meat. De plus, à l’époque il était clairement explicite que cette préparation était d’une qualité contestable : “This a special economy label. For period of emergency.“. A consommer qu’en cas d’urgence.

Par la suite la marque changea son marketing au point de vouloir s’exporter dans la patrie des Beatles. La réponse britannique fut sans précédant avec un sketch mémorable des Monty-Python où des vikings représentent les américains. Le principe : Un restaurant, une cliente demandant ce qu’ils ont, la ténardière proposant que des plats avec du spam à toutes les sauces et des vikings chantant constamment :

Spam, spam, spam, spam. Lovely spam, wonderfull spam.

Le mot “spam” prenant la place de toutes les paroles de la scène pour finalement ….

Je préfère vous laisser découvrir par vous même. :)

C’est sans nul doute en référence à ce sketch, qu’en 1993 Joel K « Jay » Furr, utilisa pour la première fois le terme. désignant ainsi “les spams” avant qu’ils se nomment ainsi.

Pour finir je vous invite à visiter spam.com, site parodiant la fameuse marque. En anglais mais très drôle.

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Source : www.adeli.org

Un nouveau projet : cybernétique et psyché

Décidément on ne peut pas stopper en train en marche…

Voilà t-il pas que le dénommé moi-même lance un nouveau blog avec Steph alias Carnegie titré meilleur webmaster de la webpshère psy francophone. Cela faisait quelques jours que nous peaufinions ce chtit blog qui visuellement en jette plein les mirettes grâce à un superbe thème créé par JBJ.

Le but de ce blog ouvert à d’autres contributeurs est de créer un espace de réflexion sur certes la cybernétique et la machine mais cristallisées autour d’une question : qu’est-ce que l’humain ?

Évidement Searles et son environnement non humain n’est pas loin !

Pour finir voici la citation de la présentation de cybernétique et psyché :

Ici sera le lieu des liens et rapports entre l’humain et le “non-humain”. Tour à tour la machine, le robot, l’informatique, le web, l’automate ainsi que les créatures de mythes plus anciens, ne seront que les relais d’une seule et unique question : Qu’est-ce que l’homme ?

Une seule adresse :

http://cybernetique.psyblogs.net/

Ces mondes que nous explorons

Le blog de Yann Leroux se décrit par ses mots: « epsychologie se propose d’explorer les mondes numériques ». Le verbe « explorer » est particulièrement bien choisi pour décrire ce que nous actualisons, c’est à dire ce que nous mettons en acte, sur la toile. Je l’ai déjà dit et je le répète le terme « world wide web » nous renvoie à cette idée d’un vaste monde à explorer et donc à conquérir. Pourquoi l’humain se casserait donc la tête à explorer un étendu, si ce n’est pour se l’approprier ? En effet, ne parle-t-on pas de conquête spatiale ? Cela dit, dans le cas du web il s’agit d’un espace bien particulier. Si le farwest, les océans puis peut être un jour l’espace sont des vastes étendus qui sont déjà là, indépendant de nous, le web quant à lui est un lieu créer par des hommes. Ainsi il s’agirait de conquérir un espace qui est déjà à nous ou plutôt émanant de nous. Un peu comme si on devait faire sien d’un espace nous appartenant déjà. Autrement dit, ce que nous y faisons c’est un acte de réappropriatiion.

Psychologiquement parlant, il est fécond de s’intéresser au fait que nous créons un espace dans le but de se l’approprier. A quoi jouons-nous donc ou plutôt devrais-je dire que rejouons-nous sur le web ? Si comme le formule, si bien Freud : « trouver l’objet, c’est le retrouver », de quel objet s’agirait-il ?

En psychanalyse nous faisons rien d’autre que de suivre les mots. Procédons-donc de la sorte.

Comme je l’ai plusieurs fois radoté le champs lexical de la marine est très présent sur le internet:

etc.

Par ailleurs s’y croise des termes évoquant l’exploration et la conquête:

Il y a deux autres champs lexicaux renvoyant à la sauvegarde, à le trace, au stockage, à la mémoire, au marquage ainsi qu’au lissage, au lien aux croisements etc. nous n’en parlerons pas ici car ce n’est pas l’objet de l’article.

Comme vous pouvez le voir, ces métaphores sont d’autant plus riches qu’un même terme peut appartenir à plusieurs champs.

Explorer et conquérir (rendre sien) un vaste étendu comme nous l’avons fait au quinzième siècle sur les grands océans. Ce lieu était aussi une zone de liberté et de non-droit un peu comme sur le web où la question du juridique pose problème.

http://www.presse-citron.net/

La génération du 20 ème et 21ème siècles n’ayant pas eu son espace à explorer et à conquérir, avons-nous créer justement cette espace pour le faire ?

Entre les conquêtes du passé et avant qu’on puisse le faire dans l’espace, le web nous permettrait-il de patienter ? Est-ce ce plaisir que nous tentons de retrouver ?

Je pense que nous pouvons encore aller plus loin dans le temps et surtout rattacher ceci à l’histoire même de l’individu, c’est à dire d’un point de vue ontogénétique.

En effet que ce soit la conquête des océans, du farwest et un jour prochain de l’espace (on n’en est que début), il s’agit toujours du conquête de l’homme civilisé, être de culture qui veut se distinguer des animaux, sur la nature. explorer, conquérir, s’approprier et donc dominer le monde, la nature, cette mère nature pourrait-on dire. En effet, cette nature capricieuse nous renvoie a peu de chose finalement, non pas seulement par sa puissance mais surtout parce qu’elle est avant nous, on en est issu, un de ces enfants. La nature nous rappelle là notre origine fondamentale: « n’oublie d’où tu viens ! » pourrait-on entendre. Elle nous a donné naissance telle une mère. Là nous sommes du point de vue du développement de notre espèce et de notre civilisation (phylogénèse). Au niveau du développement individuel (ontogénèse), nous sommes quoiqu’on fasse issu d’une mère, elle est toujours certaine. Le père, lui, bien que son rôle soit nécessaire, rien nous permet de certifier qu’il soit notre géniteur sans teste ADN. La mère on en sort, elle ne peut être raisonnablement dénier, mis en doute sans tomber dans les pathologies les plus graves ou dans nos plus jeunes années. Lacan dira que la mère est toujours certissime. Elle au moins, sait à coup sûr que nous sommes issus, les êtres naissant, d’elle. Le père, sans l’intervention d’une science récente qu’est la génétique, peut en douter. Fondamentalement il ne peut nous imposer qu’il est notre géniteur. c’est pour cette raison que Lacan fera remarquer qu’un père adopte toujours son enfant, c’est à dire qu’il doit le reconnaître par un acte symbolique comme tel. Il peut que donner un nom en premier chef.

Ainsi la mère a ce grand pouvoir de pouvoir nous ramener à ce peu de choses que nous sommes : un être a qui elle a donné vie. Elle est dés lors fondamentalement au dessus de nous (car cause certaine de notre existante). Ceci nous donne une bonne motivation pour vouloir la dominer. Narcissiquement parlant l’humain n’aime pas tellement être ramener à peu de choses. Sans oublier que le terme « conquérir » joue sur un autre sens, une autre acception : conquérir le coeur de quelqu’un. L’exploration et la conquête derrière un aspect agressif (qui est de la pulsion sexuelle frustrée) inaugure premièrement un retour vers le maternelle.

L’identité sur le web : sauvegarde, agrégation et partage

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Depuis quelque temps déjà, le web voit arrivé un nouveau type de service web 2.0 qui consiste à garder trace de ces activités online, de tenir informé autrui de ce qu’on fait sur la toile mais aussi de pouvoir partager immédiatement une info à tous ses contacts en même temps. Vous avez sans doute lu ça et là des termes barbares comme microblogging, twitter, friendfeed, ou dernièrement lifestream.fm. Si twitter doit son succés sur le fait de pouvoir échanger des liens et des informations rapidement vers ses contacts ou sur son blog plus que son but initial de suivie d’activités. Un service comme lifestream.fm par contre démontre une tendance des utlisateurs a garder trace de sa vie sur le web et de pouvoir les rendre publiques ou pas. Il est important de noter que l’une des récurentes des services dit « web social » est d’avoir ce choix entre garder privé ou rendre publique (netvibes ginger, del.icio.us). Nous reviendrons sur ce va et vient.

J’aimerais m’arréter sur un service récent qui s’appelle lifestream.fm qu’on peut traduire par flux ou courrant de vie (stream en anglais renvoyant à l’idée d’un courrant aquatique, un ruisseau etc. Là encore nous ne quittons pas la métaphore marine). Lifestream.fm est en fait une page où l’utilisateur peut réunir en un seul espace ses activités provenant d’autres services web comme twitter, facebook, you tube, lastfm, Flickr, Digg et j’en passe. Il est une sorte de méta-agrégateur de services web 2.0. Un lieu permettant de sauvegarder et de garder trace de ses activités sur d’autres sites. Tentant ainsi d’unifier ses activités éparpillées. Lifestream.fm se distingue de service similaires par le fait de pouvoir rendre publique et d’exporter toute cette mémoire sur son blog. Lifestream.fm porte d’autant bien son nom car ce type de service se désigne du terme générique de lifestream.

Représentons-nous les choses en terme de phases :

L’internaute a différentes activités sur le web via des services web 2.0 (phase 1). Du fait de cette éparpillement il peut utliser Lifestream.fm pour agréger et réunir dans un même espace tout ceci (phase 2). Il peut s’il le souhaite partager la mémoire de ces activités au publique et même le mettre sur son blog.(phase 3)

Ces mouvements sont caractéristiques de la fonction du Moi et des identifications telles que Freud l’a développé dés 1923 dans son article centrale : « le moi et le ça » (in essais de psychanalyse, Payot).

Le Moi est l’instance contenant les identifications : primaires puis secondaires. Ce Moi pour se maintenir unifié (donc tous ce qui constitue le Moi en termes de composantes de l’identification) doit investir en lui une certaine quantité d’énergie appelé libido : c’est la libido du Moi ou narcissique. Face à l’extérieur, le Moi va investir vers les objets externes, de la libido afin de s’y lier (libido d’objet). Seulement la perte engendrée en terme de libido, menace le Moi dans sa survie et son unité. Pour y palier, il va s’identifier à un objet externe dans lequel il avait investie afin de récupérer la libido qu’il avait déposé dans cet objet externe qui est du coup maintenant interne. Ainsi grace à l’identification le Moi se maintient grâce au va et vient de la libido.

Le Moi chez freud est avant tout un espace, un lieu composé de trait identificatoires, de souvenir. Il est un lieu ainsi de mémoire. A propos du Moi, Freud parlait de Demeure, d’un heim (qui se traduit en anglais par home). Ainsi l’être au web doit passé par un Moi dans le web, c’est à dire un lieu composé des activtés dans lesquelles le sujet investie de l’énergie et qui se retrouve là réunie: pouvant ainsi constituer une mémoire, une continuité. Le terme même de “lifestream”, un courant vital, n’est pas sans rappeler le définition même de libido comme énergie sexuelle, comme force de la pulsion de vie. Bien sùr sur le web d’autres outils font office de Moi du web : un blog par exemple. Ce qui faut retenir c’est que l’être au web, le sujet au web, doit passé par un espace faisant office de Moi au web.

Afin de ne pas produire de contresens dans ce que je dis, il est primordial de distinguer le Moi qui est le lieu des identifications et qui est du registre de l’imaginaire, du Sujet qui est celui qui parle et qui porte le désir. Le sujet est de l’ordre du langage donc du symbolique. Et pur qu’il y ait Sujet, il faut bien un lieu qu’il habite. Si j’introduis Lacan à ce moment de mon exposé c’est tout simplement pour aborder la troisième phase décrit dans le lifestream : partager nos traces, ce qui compose nos identifications dans le web, notre activité.

Pour Lacan, le sujet passe par un axe du rapport à autrui. Ce rapport à autrui se definie par ce qu’il appelle l’axe imaginaire qui est une relation en mirroir : entre la Moi (a) et son alter-égo (a’), littéralement l’autre moi. Cette axe nommée également de manière poétique : l’axe a-a’; peut se comprendre par la formule célèbre de Hegel : voir soit dans l’autre et voir l’autre dans soi. Autrement dit Le Moi voit son reflet dans l’autre et voit le reflet de l’autre en lui. Il est dés lors tout à fait compréhensible de voulioir partager ses tracés, ses sédiments avec autrui puisqu’au final on se retrouvera chez autrui. Du moins on se l’imagine.

Je suis daté donc je suis

calendar.pngIl y a un aspect de la blogologie que je n’ai pas encore abordé. Je vais faire dans cet article un bond théorique qui j’espère ne tombera pas à l’eau et ne me fera pas passé pour un marin d’eau douce. Outre le fait que blogguer prenne du temps, cet acte même est marqué par le temps. Plus précisément par la date. Le blog se caractérise par rapport à un site classique par le fait que les articles sont indexés tout d’abord par une date : il y a toujours la date. De plus le classement se fait le plus souvent de l’article le plus récent au plus ancien. on peut selon les dates de plusieurs articles définir un rythme, un blog plus ou moins vivant. En plus des commentaires, le rythme de publication donne une idée de la vie d’un blog. Lorsqu’un blog est rarement mise à jour on dit communément que « c’est mort par ici ». A l’inverse, le lecteur se sent vite submergé sur un blog trop mise à jour. Les dates permettent donc définir une continuité, une vie du blog.

Les lecteurs aguerris de Winnicott peuvent déjà entrevoir là, un lien que je fais entre la capacité d’être seul et la continuité d’existence. En effet chez cet auteur, la capacité d’être seul ne peut se faire que grâce à une continuité d’existence (going on being). Pour comprendre cela il faut mettre en lien deux textes que l’on trouve dans De la pédiatrie à la psychanalyse : « La préoccupation maternelle primaire » (1956) et « La capacité d’être seul » (1958).

Dans son texte de 1956, Winnicott, nous explique que les soins maternelles passant d’abord par le corps doivent être suffisamment répétés pour donner à l’enfant une impression de réelle de l’expérience. La mère doit être suffisamment bonne pour cela, c’est à dire que dans l’excès nous tombons dans l’empiètement et l’enfant se trouve envahie par une “menace d’annihilation [qui] est, [selon lui], une angoisse bien réelle, bien antérieure à toute angoisse qui inclut le mot mort dans sa descripion.”. Un rythme juste permettant ainsi de percevoir la mère et ses soins de manières continu, ininterrompue. Ensuite par introjection de cet environnement suffisamment bon, naîtra une continuité d’existence qui donc prend racine dans le support des soins maternels. C’est là que se crée ce que Winnicott nomme « relation au moi » (ego-relatedness).

Dans « La capacité d’être seul », il nous précise que paradoxalement, elle ne peut se faire qu’en présence et appuie de la mère. Avant de pouvoir dire « je suis seul », il est nécessaire que cette relation au moi soit faite.

Bien que Winnicott n’écrit pas noir sur blanc que la capacité d’être seul s’appuie sur la continuité d’existence, il précise néanmoins que cette capacité s’appuie sur la présence de la mère et sur la présence d’un bon objet interne de type maternel suffisamment solide, ce que lui-même nomme « relation au moi ». Or dans « La préoccupation maternelle primaire », l’auteur fait découler « la relation au moi » d’une continuité d’existence, elle même dépendante d’une répétition suffisante de soins et d’amour maternelles.

Ainsi la capacité d’être seul s’appuie dans un cadre où quelque chose de satisfaisant est suffisamment répété, définissant une continuité d’existence. Or dans les blogs il y a d’abord marquage temporel par la date et donc répétition. Il vrai que là je fais un pont un peu rapide mais revenons sur une des acceptions de « log » qui je le rappelle compose « weblog » devenu par la suite « blog ». En effet une autre manière d’entendre ce « log » du web, concerne le premier sens qu’il prit dans la marine. Avant d’être le carnet de bord du capitaine, le « log » était pour les marins, un bout de bois qu’on lançait à la mer pour déterminer la vitesse du bateau selon le temps que prenait ce bout de bois pour s’éloigner. On était alors déjà dans quelque chose lié au temps.

Par la suite en informatique « to log » désignait le fait d’entrer une date dans une base de donnée, avant de devenir aussi « to log in » et « to log out » signifiant un acte de connexion et de déconnection dans un programme ou un service web.

Le « log » signifiant à la fois la présence du temps et la présence de l’internaute. Ce « log » réunissant l’être et le temps, marquant du coup l’être dans le temps.

Avec Winnicott nous apprenons ainsi que la continuité d’existence, le fait d’être continu dans le temps, renvoie à un temps très ancien de la vie psychique. Kant quant à lui (eh eh!) tentant de déterminer dans la connaissance ce qui était à priori, c’est à dire avant l’expérience, avait conclut que ce dont nous avons connaissance de manière innée était l’espace et le temps. Il est intéressant de noter que Winnicott marque une rupture en disant que le temps ça s’apprend par une répétition d’une expérience suffisamment satisfaisante. Et quoi de plus satisfaisant que de voir ses articles marqués d’une dates et se répétant, montrant là une continuité d’un « je suis dans le web » ?

Commentaire ou comment taire ?

friends.pngNous vous est-il pas déjà arrivé dans un blog lorsqu’un article vous plaît, d’hésiter à écrire un commentaire ? Outre la qualité d’un article c’est comme si on ne s’autoriser pas à le faire. En faisant des recherches sur le mot blogologie, je suis tombé sur cet article intitulé “psychologie du commentaire” où l’auteur nous expose ses raisons l’empêchant de commenter les articles de ses blogs préférés. Pour comprendre ce qui se joue là, il faut garder à l’esprit que le web c’est du groupe ou plutôt des groupes.

Extrait de l’article :

1/ Rester invisible, observer ne pas se manifester.

J’aimais rester discret et invisible (oui, contrairement à ce que pourrait laisser croire un commentaire laissé chez Mathieu sur les souvenirs d’églises, j’aime être dans l’ombre ;-) ). Et puis, surtout, commenter sur un pédéblog, c’est laisser une première trace…

2/ Je ne suis pas chez moi, je ne vais pas m’incruster dans ce groupe.

Les blogueurs et ceux qui les commentent avaient l’air de se connaître si bien. Ils semblaient être une bande d’amis. Pour moi, commenter, c’était me taper l’incruste dans un endroit où je n’avais pas été invité.

3/ Ce que je vais dire ne va pas être intéressant aux yeux des autres.

(Oui parce qu’en fait, il y a une troisième raison, elle vient tout juste de débarquer dans ma p’tite tête…). Je crois que je n’avais rien à dire d’intéressant. Rien de plus que ce qui se disait déjà, je n’avais rien à apporter et puis ils avaient déjà tant de commentaires que ma modeste contribution n’aurait pas valu grand-chose. En plus, ils écrivaient tellement bien, je me sentais incapable d’écrire quelque chose qui serait à la hauteur.

Cette façon de réagir est typique, des angoisses, des doutes et des questionnements que se pose un nouveau membre lorsqu’il va intégrer un groupe. En effet, après un tour d’observation où la personne ne veux pas être vu par le groupe dans un premier temps, se pose la question du droit d’y rentrer : “Ne fais-je pas déranger, aurais-je ma place ?”, “Vais-je m’y sentir comme à la maison ?”, “Est-ce que je peux faire partie de cette maison groupale, de cette bande d’amis ?”. Très souvent la page d’index s’appelle « home », la maison : “Ai-je ma place dans cette demeure?”.

Suite à cette question vient celle de “Quelle place vais-je tenir ?”, “Si j’ai ma place, quelle sera-t-elle ?”, “Vais-je être l’idiot du village?” ou pour parler web le boulet de service?

Cette crainte d’être le bouc émissaire, le mauvais objet est représentative des fonctionnements groupaux. Si pour se constituer, un groupe a besoin de se construire un espace psychique commun, une des conditions nécessaire est la désignation d’un mauvais objet. Didier Anzier parlait de clivage du transfert (l’illusion groupale : un moi idéal commun), c’est à dire que pour le bon fonctionnement du groupe ou plus précisément pour que l’illusion groupale se maintienne, toute la haine, et l’agressivité du groupe doit se focaliser sur un objet. C’est un clivage dans le sens où tout le mauvais est projeté vers un objet et tout le bon est réparti dans le reste du groupe. Ainsi, il y a cette crainte d’être cet objet, peur qui se pointe à nous dans certaines conditions. Quelles sont-elles ?

On peut en emmètre au moins une à partir de l’article cité. En effet, si la personne a peur de ne pas être accepté en tant que tel dans cette bandes amis mais qu’elle se retrouve dans ce groupe sans y être : « je poste mais je dérange », « je suis un étranger dans cette demeure (home) mais je suis quand même venu », il est certainement possible que se constitue alors une crainte persécutive. L’étranger présent a cette particularité d’être dans le groupe sans l’être. Et ceci parce que le clivage, sépare et inclus tout à la fois : “tu existe en tant que rejeté. mais c’est ici que tu es rejeté pas ailleurs.”

Pseudonyme et anonymat

masque.pngSuite à l’article sur les pseudonymes, j’aimerais dire quelques mots sur l’anonymat. En effet, assez rapidement l’on pense que le pseudonyme permet d’être anonyme. Autrement dit, un faux nom induit une absence de nom. Vous conviendrez de l’absurdité d’une telle affirmation qui se contredit aussitôt énoncé. Cette erreur peut être comprise comme une confusion entre le faux-semblant (autrement dit le jeu, le déguisement) et ce qui n’est pas (le non être). Pourtant, le faux-semblant est véritablement un faux pas-vrai, une double négation révélant d’une certaine manière un vrai sincère. En effet, derrière le déguisement puisqu’il nous cache, on peut parfois révéler plus. Ceci est connu des psychologues depuis longtemps et se concrétise par exemple dans le psychodrame lorsqu’on invite un patient à incarner un rôle et à choisir un autre prénom que le sien. Or il serait absurde d’affirmer que ce choix thérapeutique vise à effacer le nom du sujet. Au contraire c’est un déguisement cachant son nom mais qui du coup insiste sur son existence. Nul besoin de cacher quelque chose qui n’est pas. Derrière un autre nom il peut s’autoriser à tromper ses défenses (inconsciemment). mais ce faux nom, n’oublions pas, le sujet le choisit et le représente à travers son personnage. C’est une autre manière de dire que le signifiant (ici le pseudonyme) représente (dans le jeu) le sujet (le patient) pour un autre signifiant (son prénom).

On pourrait dés lors dire que si le pseudonyme n’est pas un anonymat, dans ce cas ça serait l’anonymat qui serait un pseudonyme. Eh bien non.
Tout simplement parce que le pseudonyme est un nom propre. Et le nom propre est un désignateur rigide (Kripke), c’est à dire qu’il n’a d’autre fonction que de désigner une personne parmi un groupe d’appartenance. Robert Dupont, distingue cette personne là dans la famille Dupont, ce n’est pas n’importe quel Dupont mais Robert. Sur le net c’est pareil, nos pseudonymes nous permettent de nous distinguer des uns des autres (même s’il y a des homonymies). Robert69 se distinguant ainsi de Robert ou Robert 1517 mais en même temps ceci pourait signifier un département ou une date d’anniversaire (c’est la condensation).

L’anonymat quant à lui n’a pas de nom (contrairement à ce que j’avais avancé, un jour) Que ce soit dans l’histoire ou sur le web, quelqus soit l’anonyme, il s’apellera toujour anonyme, anon, anonymous ou encore unknown et autre unregistered sur les blogs et forum qui le permettent. Ainsi, l’ Anonyme n’a pas de nom car tout le monde a le même. En outre, la masse indiférenciée d’anonymes ne peut être un groupe qui lui a des membres avec des places et des alliances inconscientes (René Kaes) singulières. En effet, n’a de nom que ce qui se differentie, se distingue. Le sans nom veut rester non pas caché/déguisé mais invisible, fondu à une masse.
De tradition, bien avant le net, le pseudonyme servait à dire une vérité, un autre discours tout en étant caché sous un masque. Mais dérière le masque il y a un acte de sujet, le sujet d’un discours et donc un nom qui se déguise. Dans le journalisme le pseudonyme a souvent été utilisé pour dire une vérité pouvant mettre son auteur en danger. Chez certains libertains il permetait d’écrire des pamphlets et des textes choquant les moeurs au point d’être passable de prison, voir pire.
Si le pseudonyme sur le net est souvent un surnom, il permet aussi dans d’autres cas de déguiser une identité pour s’autoriser un certain discours même les plus stupide. Mais ce que dit et fait le sujet lui reste attribuer à travers un représentant ou plus précisément un signifiant.
D’ailleurs quand dans la littérature un pseudonyme devenait connu, on finisait toujours par savoir le véritable nom de l’auteur. Les auteurs sont dit anonymes lorsqu’on ne sait pas qui sait, quand le texte est composé de plusieurs auteurs inconnus ou lorsqu’un écrit est tellement ancien et fondu dans la culture populaire qu’il n’appartient plus vraiment quelqu’un.
Si l’on devait faire un parrallèle théorique un peu abusif, mais très parlant : le pseudonyme serait plutôt un processus de déplacement symbolique où le pseudonyme représente le sujet pour son nom. Alors que l’anonymat serait une sorte de forclusion du nom qui ferait retour que par le simple fait d’être sans nom.

La Blogologie

web.pngAfin d’ouvrir une série d’articles sur les Blogs et surtout pour pouvoir les lier par un mot clé qui leur est propre et unique, j’ai décidé d’utiliser le terme de Blogologie. Ce mot d’autres avant moi ont pensé à l’utiliser et il a même eu droit à une définition sur ce glossaire québécois : “Étude scientifique du phénomène des blogues et de la blogosphère.”. Le « Logos » en grec est d’abord un discours sur un objet donné. Ainsi, si un certain nombre de grands connaisseurs ont développé une véritable science des blogs et la transmette(cf les articles de conseils que donnent Eric Dupin pour augmenter le succès d’un blog), c’est surtout parce que les blogs font parler d’eux : on a envie d’en dire quelque chose.

Mais pourquoi donc, me direz vous, n’est-ce pas juste un support de publication web, facile et pratique?

Et bien non, justement, c’est bien plus que cela, il y a quelque chose qui en explique le succès au point d’en faire un discours scientifique. En effet, je prends un certain plaisir à jouir de ce terme que j’ouie comme proche de “biologie”, la science du vivant. Les blogs sont des sites particulièrement vivant de part leurs dynamiques, leurs capacité à se lier entre eux, à se répondre et se référer les uns aux autres. Bien que ça ne soit pas le cas de tous les blogs, très souvent un mini réseau d’inter-blog se crée. Concrètement si une personne suit régulièrement un blog précis, il y a de fortes chances qu’il visite à l’occasion les autres blogs qui sont liés par les commentaires ou la liste des liens.

Sur un plan plus théorique on peut comprendre cette nature vivante des blogs comme étant un lieu de dépôt de la pulsion de vie. Les blogs montrent sans doute le plus clairement cette profusion de pulsion de vie sur le web. On ne dépose sur le web rien d’autres que notre propre humanité.

Freud avait définit dans “au delà du principe de plaisir”, la pulsion de vie (éros), selon 2 modalités:

1. La conservation
2. Et l’émancipation par mise en lien et intégration.

Autrement dit la pulsion de vie nous pousse à rester en vie et à conserver nos acquis tout en cherchant à grandir et à intégrer de nouveaux ensembles à notre organisme. Cette pulsion tant à la sauvegarde et à la transformation d’un organisme et d’une espèce.

Sur le web outre de nombreuses métaphores maritimes (navigateur, pirate, (b)log, surfer) nous trouvons beaucoup de termes évoquant le lien (liens, toile, partager), la conservation (sauvegarde, marque page, signet, télécharger) mais aussi l’étendu (le grand internet, le wide de world wide web). Ainsi le “www” se traduit par la vaste toile (les toiles sont des maillages) du monde : ce terme de “world wide web”, un espace en expansion qui se lie et se conserve ( le web n’oublie jamais rien) pointe cette présence de la pulsion de vie rappelant là notre familiarité et notre proximité avec l’environnement non humain (Searles 1960). Les réflexions sur nos rapports aux non humain que Harold Searles développa en 1960 nous sont particulièrement précieuses pour penser les processus inconscients mis en oeuvre sur le net.

En effet, une de ses grandes thèses sera de dire que nous nous défendons que trop souvent de notre proximité originelle avec le non humain. Ainsi que ne voulons-nous pas nous rappeler lorsque nous relayons la toile au rang de non-réel, que veut dire ce pas « vraiment vrai », cette dénégation, de quelle angoisse s’agit-il là ? Le champs est ouvert et j’espère en appellera aux questionnements, raisonnements et commentaires de chacun.

Profitons de ce temps d’ouverture pour poser la question de la pulsion de mort sur le net qui reste pour moi très énigmatique.

Blog et capacité d’être seul

ship.pngRécemment dans un billet sur Kübermensch, j’évoquais avec humour le fait que les bloggeurs étaient des personnes qui s’emmerdaient. C’était évidemment de l’ironie. Mais derrière une telle exagération, il y avait un propos tout à fait sérieux.
En effet, ce que je parodiais c’était l’idée que les blogs rejouent, réactivent notre capacité d’être seul en présence des autres. On est seul à écrire mais potentiellement d’autres peuvent nous lire. Afin de comprendre cela il est utile de s’arrêter quelque peu sur l’étymologie du terme « Blog » forte instructive à ce propos.
Comme beaucoup le savent ce terme et le diminutif de « weblog », lui même contraction de « web » et de « log ». Si « web » ne nécessite pas d’explication, « log » quant à lui mérite qu’on s’y attarde.

ecouter

Dans ce document audio, Alain Rey, nous apprend notamment que « log » désignait à une époque le journal de bord du capitaine d’un navire (nous reviendrons sur le sens originaire de ce terme dans un autre billet) : Face à sa solitude le capitaine écrivait ses itinéraires.
Le blog de part sa publication sur un média de masse est lu par d’autres et est prévu à cet effet. Le bloggeur est seul mais à la lecture de la présence des autres.
D’ailleurs on peut noter que dans “weblog” il y a “we“, “nous” anglais. Et c’est justement le « we », le nous qui est passé à la trappe. Cet éjection du « We » ne se ferait-elle pas pour mieux en appeler le retour des autres par les commentaires, les votes et le trafic ? Je me lance ici dans une hypothèse un peu bancale en disant que d’une certaine manière nous aurions affaire à un mécanisme comparable à la forclusion où le « We » est éjecté symboliquement pour mieux le faire revenir dans le réel comme en dehors de soi : les autres. Remarquons l’éxistence de tous ces outils qui sont autant d’indices de la présence des autres : commentaires, système de vote en tout genre, outil de calcul du trafic, référencement des liens entrants sur son blog etc.
Le bloggeur est seul mais il veut s’assurer qu’on le lise et aime qu’on lui indique la présence des autres. Autrement dit, à la fois il veut être seul et s’assurer qu’il l’est en présence d’autrui. Est-ce la condition pour élaborer une solitude saine ?
A en croire Winnicott : oui. Dans son article « la capacité d’être seul en présence de la mère » , l’auteur nous explique qu’il est crucial pour son développement psychique que le nourisson puisse développer une capacité d’être seul en la présence de sa propre mère. Or ceci ne peut se faire que si la mère a été suffisamment présente afin que l’enfant puisse la constituer en objet interne.
Ainsi, on pourrait emmetre l’idée que les indices de la présence des autres, ce qui atteste de leurs existences, permettraient d’élaborer la capacité d’être seul dans le web : au départ dérrière l’écran, le sujet est seul.
Si je précise “capacité d’être seul dans le web”, c’est tout simplement pour défendre l’idée que trop rapidement, certains conçoivent le web comme la compensation de le réalité extérieur hors web : ceci est de la psychologie de comptoir, ne tombons pas nous psychologues dans la facilité.Si notre histoire dans le web n’est pas étrangère à notre propre histoire : ce n’est pas forcément dans la frustration de l’un que l’autre prend son essort, ça serait confondre là les deux espaces.

Je pense ainsi que nous devons concevoir les choses en terme «d’être-au-web» pour reprendre l’expression de Yann Leroux. Autrement dit, notre façon d’etre dans le web se joue dans le web par rapport a ce qui est propre au web.
Si un besoin d’élaborer la capacité d’être seul se fait sentir sur le net, cela ne signifie en rien que ceci n’ait pas été fait hors web. Ainsi le blog serait plutôt une tentative de construire un espace personnel (le home) sur le net tout en étant dans le lien avec les autres. Voilà la question qui s’élabore : soit-même parmi les autres sur le net.
Si le web est une vaste étendue, tel un océan qu’on explore avec un navigateur où l’on peut rencontrer et se faire attaquer par des pirates, elle n’est pas les vagues ni l’eau mais les autres. Si le log du capitaine permettait à celui-ci de faire avec sa solitude dans les vastes océans, le we(b)log quant à lui élabore « l’être au web » du sujet parmi les autres internautes. Ce n’est plus une conquête d’un vague espace inconnu mais un conquête sociale et groupale.

Du pseudonyme au surnom

Avant d’ouvrir ce blog, j’ai hésité à écrire sous mon vrai nom: Jean-Christophe Dardart. En tant qu’auteur de mes mots, il me paraissait logique d’écrire en mon nom : d’autant plus que “nom” est “mon” à l’envers ou plus précisément son reflet.

Cependant, je n’oubliais pas que ce blog était sur le net. Or plus qu’un pseudonyme “jisee” était devenu un surnom. En effet, nombreuses sont les personnes qui connaissant mon nom, continuent de m’appeler “jisee” sur le net. Ce signifiant marquant la façon dont je suis lié à ces personnes sur le net : c’est par ce signifiant qu’ils me reconnaissent et que se dit leur affections. Il est devenu le petit nom dont on m’affuble.

Sur internet bien qu’il soit de tradition de choisir un pseudo, celui-ci porte souvent une histoire, une origine et accompagne le sujet dans l’histoire qu’il va avoir sur le net. Sans aller jusqu’à la théorie fantasmatique du net comme un autre monde, il est certain qu’une histoire du sujet ce dépose sur le web et s’y créé : une histoire du sujet propre au net mais pas étrangère à sa propre histoire. Le lien se créant entre pseudonymes les portant ainsi à devenir des petits noms, des surnoms. Il est intéressant de noter dans de nombreux forums, l’existence de fil de discutions où chacun raconte l’origine et l’histoire de leurs pseudonyme. Autrement dit un pseudonyme raconte une histoire, la représente et désigne le sujet dans l’espace de la toile :

tu es toi, ce signifiant là portant cette histoire là, tu es ici par ce signifiant

On est vraiment dans cette idée de Lacan que le signifiant représente le sujet pour une autre signifiant : “jisee” me représente pour “Jean-Christophe Dardart” dans cet espace , celui du web.

Utiliser un pseudonyme c’est faire don de quelque chose qui nous appartient et qu’on capture et non pas de la lâcheté (en tout cas en tant que signifié) . Entendons donc la chose ainsi :

là-je-t’ai.